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Éditorial
Par Nathalie Rivère de Carles
Publication en ligne le 21 janvier 2022
Couverture du numéro.
Crédits : Lisa-Oriane Crosland.
1Ce numéro interroge la Renaissance au prisme, d’une part, de la conversation entre les époques, les langues et les cultures, et, d’autre part, de son rejet aux XVIe et XVIIe siècles anglais et ultérieurement.
2Le rapport des XVIe et XVIIe siècles au passé lointain (John Ford et Louise Fang) ou immédiat (Cezara Bobeica) est source d’enseignement pour l’époque contemporaine (terme envisagé à la fois du point de vue du lecteur de la Renaissance et du lecteur du XXIe siècle). Ainsi, les articles de la première section de ce numéro, « Historicizing the Past, Emblematizing the Present », traitent-ils de la réception de la culture et de l’histoire médiévales dans les textes littéraires et non-littéraires sous les Tudor et les Stuart. Le traitement de l’histoire, notamment avec le genre de la fiction historique, mérite une réévaluation à l’aune de l’établissement du mythe Tudor et des études précédentes, telles que celles de Patterson lisant les chroniques d’Holinshed. Ces lectures du rapport à l’histoire dans la littérature (au sens large) de la Renaissance anglaise sont confrontées aux lectures contemporaines et aux nouvelles orientations visant moins à reprendre le mythe ou la propagande Tudor qu’à la remettre en perspective.
3La deuxième section, intitulée « Renaissance Reconfigurations: A View to a Poetic Change », sollicite une réflexion sur la rhétorique du multilinguisme (Laetitia Sansonetti) et de la réception des classiques européens (Cécile Decaix) dans la littérature et la culture des XVIe et XVIIe siècles. Cette section se penche sur la Renaissance anglaise en interrogeant le concept de rhétorique via son pouvoir et sa volonté de diffusion et d’hybridation à travers l’évolution de la langue, en soulevant la question de la polyglossie dans les écrits littéraires et les arts populaires de la période, ainsi qu’en étudiant les réflexions éthiques et pédagogiques contenues dans manuels d’éducation, livres d’emblèmes, dictionnaires et grammaires. Les reconfigurations poétiques traitées dans cette section sont aussi étudiées dans la perspective, d’une part, de refus du multilinguisme et du dialogue culturel et philosophique, d’autre part, des valeurs humanistes à la Renaissance anglaise. La modification poétique du discours humaniste amorcée durant la première modernité se perpétue chez les modernistes et leur révision de la Renaissance, en particulier dans les écrits du début du XVIIe siècle (Kit Kumiko Toda). La tentative d'appropriation de Shakespeare et de ses contemporains à d’autres périodes de l’histoire, au mépris de sa substance humaniste, et les conséquences de ce révisionnisme pèsent sur la transmission des principes de la Renaissance aux générations suivantes.
4Dès lors, la troisième section de ce numéro, intitulée « Shaping the Present, Imagining the Future: Stage Renaissance(s) », propose de se pencher sur la réappropriation de la Renaissance anglaise et européenne a posteriori et sur l’impact qu’a cette réception sur la redéfinition de la vision de la Renaissance (négative ou positive) depuis le XIXe siècle jusqu’à nos jours (Louis André). Cette section porte sur les choix de metteurs en scène, de programmateurs de théâtre ou de festival quant à ces auteurs, mais aussi sur les renouvellements et hybridations dramaturgiques et scénographiques occasionnés par la reprise de la littérature renaissante. Il s’agira également de s’interroger sur l’utilisation de Shakespeare et de ses contemporains comme objets de réception et sources de nouvelles écritures, d’un genre « shakespearien » (Michelle Vignaux). On y discutera de la lecture et de la représentation scénique de Shakespeare, Marlowe, Jonson et autres auteurs de la Renaissance anglaise aux XXe et XXIe siècles (Florence March). On y considérera la place et la fonction des auteurs de la Renaissance dans le répertoire des théâtres non-anglophones ; on y montrera surtout le rôle de la littérature de la Renaissance dans la construction d’une citoyenneté autant que d’une sociabilité à l’ère contemporaine.
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